Présentation du projet "Le Louvre en partage", par Annabelle Ténèze, et de la saison 2024-2025 au Louvre-Lens
Le Louvre en partage, par Annabelle Ténèze
« J’aime à penser que l’utopie peut être concrète et que l’on peut la réaliser : le Louvre-Lens en est une »
Du Louvre autrement au Louvre en partage
J’aime à penser que l’utopie peut être concrète et que l’on peut la réaliser. Le lien unique que le Louvre-Lens a noué avec ses publics en est une ; et j’ai à coeur de continuer à le développer ces prochaines années.
Après plus de dix ans, ce Louvre autrement a démontré comment nous pouvions collectivement inventer une nouvelle forme de musée ; un musée à la fois accessible, ambitieux, inclusif et innovant ; un musée fédérateur, à la fois engagé dans une dynamique de démocratisation culturelle, de recherche inédite en histoire de l’art et de rayonnement d’un territoire en profonde transformation. Aujourd’hui, je suis heureuse et honorée d’ouvrir cette nouvelle décennie du Louvre-Lens. J'ai intitulé cette nouvelle étape « Le Louvre en partage ». Cette page s’écrit avec toutes celles et ceux qui participent à la vie du musée – les visiteuses et visiteurs, voisines et voisins, le musée du Louvre, les collectivités territoriales et les nombreux partenaires culturels, éducatifs, associatifs, sociaux, médicaux, touristiques, économiques et institutionnels – dont l’énergie et le soutien nous inspirent autant qu’ils nous engagent.
« Le Louvre en partage » se fonde sur des convictions qui m’animent depuis mes débuts en tant que professionnelle, et font profondément corps avec le projet du Louvre-Lens.
Je souhaite placer, plus que tout, la relation aux publics au coeur des actions du musée. Elle est essentielle pour faire tomber les barrières, nous retrouver, échanger, et doit permettre à chacune et chacun de venir avec ce qu’il est ; car le musée s’enrichit du regard de toutes et tous.
Le Louvre-Lens – par son architecture, son projet paysager, sa muséographie, sa politique de médiation et d'arts vivants – est le lieu de tous les dialogues. Je veux continuer à inventer de nouvelles manières de faire, de proposer des expositions ancrées dans des thématiques sociétales, qui croisent les disciplines, les temps et les géographies, pour aussi bien émerveiller que nous faire ré
échir. Je crois en un rôle du musée aussi bien culturel que sociétal, en tant que lieu de toutes les expériences et de toutes les émotions.
Je crois à la place des artistes dans le musée, qui permettent d'éveiller les curiosités, de créer des vocations et de redonner conance. Leur compagnonnage nous offre toujours un regard inattendu ; il enrichit notre manière de voir le monde, apporte d’autres clés pour comprendre notre passé, notre présent et donc notre futur. Leur regard et leur parole sont une invitation à laisser ressortir le potentiel créatif de chacune et chacun ; car nous avons toutes et tous quelque chose à apporter à une oeuvre.
Je souhaite créer des espaces de partage, pour contribuer à faire musée ensemble. L’architecture des réserves visibles, avec leur mezzanine, sont extraordinaires à ce titre, propices à des projets qui questionnent et expliquent le rôle et l’histoire des musées, pour mieux s’en saisir. La Scène et le Pavillon de verre se prêtent au développement de projets où pourront s’exprimer les créativités contemporaines ! Trait d’union entre le musée et la ville, témoin du passé minier du site, le parc dessiné par la paysagiste Catherine Mosbach est désormais le poumon vert du musée, et un magnifique espace pour faire appel à des artistes, qu'ils soient plasticiens,
danseurs, comédiens, musiciens. Il sera un lieu de rencontres, vivant et connecté au vivant.
Une cité culturelle ouverte à la création
Première étape de ce Louvre en partage, la saison 2024/2025 invite à la découverte et aux émotions.
L’année 2024 est scandée par deux grandes expositions qui invitent à mieux comprendre le monde qui nous entoure. Mondes souterrains. 20 000 lieux sous la terre (mars - juillet 2024, par Alexandre Estaquet-Legrand, Jean-Jacques Terrin et Gautier Verbeke) nous plonge dans les monde du dessous, de Dante au métro, en passant par la mine et les tranchées de la Première Guerre mondiale ; eux qui nourrissent nos imaginaires depuis la nuit des temps. Exils - titre provisoire (septembre 2024 - janvier 2025, par Dominique de Font-Réaulx), replace cette question dans le temps long de l’histoire et de l’histoire de l’art, des grands mythes fondateurs jusqu’à la création contemporaine.
En 2025, je poursuivrai cette ligne avec deux expositions où s’articulent passé, présent et expression de soi. L'artiste et le vêtement. S’habiller en artiste - titre provisoire (mars - juillet 2025), dont je serai personnellement co-commissaire avec Olivier Gabet, explore la place du vêtement dans l'histoire de la représentation des artistes, depuis les autoportraits de la Renaissance jusqu'aux artistes-couturiers et au vêtement de performance contemporains. Gothiques - titre provisoire (septembre 2025 - janvier 2026) met l’accent sur une révolution artistique qui naît au 12e siècle et traverse les époques, jusqu'au néo-gothique et « punk » contemporain. Ces grandes fresques thématiques rappellent combien nos imaginaires actuels sont le fruit de notre histoire.
La saison d’arts vivants et d’événements qui les accompagne – ponctuée de spectacles, performances, projections, conférences, et bien d’autres – fera vivre tout au long de l’année cette cité culturelle qu’est le Louvre-Lens. Pour marquer l’arrivée du printemps, j’ai souhaité
accueillir une oeuvre de l’artiste Kapwani Kiwanga, qui représente cette année le Canada à la Biennale de Venise ; au coeur du parc, elle invoque la mythologie pour une expérience esthétique, entre le rêve et la contemplation.
Nouvelle ère pour la Galerie du temps
Pour toutes celles et ceux qui l’ont déjà vécue, la découverte de la Galerie du temps est une expérience extraordinaire, un voyage sensible dans l’histoire de l’art grâce aux collections du musée du Louvre. Dans cet espace ouvert, comme flottant, spectaculaire, et accessible gratuitement, chacune et chacun est invité(e) à faire son propre chemin parmi les oeuvres et les siècles.
Marqueur de l’histoire de la muséographie en France et à l’international, la Galerie du temps entame elle aussi une nouvelle décennie. Aujourd’hui, le musée du Louvre et le Louvre-Lens, avec le soutien exemplaire de l’État, de la Région Hauts-de-France, des collectivités et du Crédit Agricole Nord de France, offrent aux publics et au territoire ce moment exceptionnel d’un renouvellement complet des oeuvres. Il s’accompagne d’une évolution de la scénographie par l’agence AtoY et d’un chantier de médiation inédit, qui inscrivent cet espace unique au monde dans la deuxième étape de son histoire.
Démarche emblématique du Louvre-Lens, la co-construction avec le public et le participatif est un pilier du projet. Je suis fière de mener ce travail avec l’ensemble des équipes du Louvre-Lens ainsi que les nombreux partenaires institutionnels et associatifs du territoire qui constituent la communauté du musée.
Quand le mot partage a tant de choses à nous dire, c’est au Louvre-Lens qu’il prend tout son sens.
La suite s’élabore ici et maintenant, collectivement, avec passion et énergie.
Annabelle Ténèze, directrice du Louvre-Lens
L'ensemble de la saison 2024-2025 est à retrouver dans le dossier de presse joint.
